50e Cérémonie des César.

par | Mar 1, 2025 | Cinéma, Films primés | 0 commentaires

Hier soir, vendredi 28 février 2025, s’est tenu, à L’Olympia, la 50e Cérémonie des César.

Jean-Pascal Zadi fend les rangs de l’Orchestre entraînant avec lui, une fanfare pour rejoindre le plateau où danse Marion Barbeau – mise en scène par Cédric Klapisch. Après son pitch sous le ton bien évidemment de l’humour en rappelant par ailleurs, la nouvelle jurisprudence « Abou Sangaré », il convie la Présidente d’Honneur, Catherine Deneuve, à prendre la parole. Mêlant souvenirs et sororité, elle dédie cette dite Cérémonie à l’Ukraine.

Hier soir, au-delà des nommés et des primés, la France fêtait son Cinéma. Création vieille d’un 1/2 siècle, les César rend à notre Cinéma Français la brillance et l’excellence que tout autre cinéma peut-être amené à nous envier.

Liste non exhaustive des films les plus nommés : Le Comte de Monte-Cristo (14 nominations) ; L’Amour Ouf (13 nominations) ; Emilia Pérez (12 nominations) ; L’Histoire de Souleymane (8 nominations) et En Fanfare (7 nominations).

– Les acteur·rices au 1er plan, second plan et de Demain –

Meilleure actrice : Hafsia Herzi dans Borgo. 17 ans après, son César « Meilleur espoir féminin« .

Meilleur acteur : Karim Leklou dans Le Roman de Jim. Surpris de coiffer certains de ses copains au poteau, il fait un éloge de la gentillesse. Et des gentils.

Meilleure actrice dans un second rôle : Nina Meurisse dans L’Histoire de Souleymane. À noter : seule et unique comédienne professionnelle de ce film. Hold-up de Nina Meurisse, officière de l’Office Français de la Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA), ayant une seule et unique scène – scène les yeux dans les yeux avec Abou Sangaré.

Meilleur acteur dans un second rôle : Alain Chabat dans L’Amour Ouf

Meilleure révélation féminine (ex Meilleur espoir féminin) : Maïwène Barthelemy dans Vingt Dieux. Elle partage son César avec son partenaire de jeu, Clément Faveau. Le terreau nouveau de l’Agriculture française.

Meilleure révélation masculine (ex Meilleur espoir masculin) : Abou Sangaré dans L’Histoire de Souleymane. Cet immigré nouvellement régularisé salue l’Humanité dont on fait preuve celles·eux qui ont cru en lui alors que lui, prisonnier dans sa condition de la rue ne croyait plus en l’humain. Ni en son demain. Avant ce dit César, il avait remporté le Prix d’Interprétation du Jury d’un Certain Regard.

Note de la rédaction : dans cette même dynamique de montrer les invisibles et leurs luttes quotidiennes pour raccrocher à une vie décente, je vous conseille Enjoy ! porté par Jean-Désiré Augnet.

– Un Hommage pour Alain Delon en montage. Et, Michel Blanc en présence de Thierry Lhermitte et Josiane Balasko.

Josiane Balasko en profite pour interpeller la Ministre de la Culture, Rachida Dati ; pérenniser « une Europe de la Culture » devient urgent face à la première puissance mondiale et à son président souhaitant geler toute aide en faveur du cinéma.

– Les César d’honneur –

1er César d’Honneur remis à Costa-Gavras (de son vrai nom Konstantínos Gavrás), réalisateur franco-grec, par Karin Viard. Karin (Viard) ayant eu l’opportunité de jouer deux fois sous sa direction, insiste sur le fait que le cinéma de Monsieur Costa-Gavras est une arme de réflexion massive, dans une ère où les nuances sont peu à peu gommées. Voire effacées dans les derniers gouvernements arrivés au pouvoir. Costa-Gavras remercie « la France accueillante » mais la questionne sur les récents débordements en son sein.

2e César d’Honneur remis en cette 50e Cérémonie des César à Julia Roberts par Clive Owen. Pétillante et souriante, elle crève tout bonnement l’écran. Julia Roberts quant à elle, remercie Catherine Deneuve d’être née un jour et d’avoir fait de l’industrie du cinéma : un monde meilleur.

– Un « Césario » pour Franck Dubosc. Soit le César de celles·eux qui n’ont jamais eu de César. Voire de nomination.

– Les faiseurs d’idées –

Meilleure adaptation : Jacques Audiard pour Emilia Pérez. 3e César, pour lui, dans cette même catégorie.

Meilleur scénario original : Irène Muscari et Boris Lojkine pour L’Histoire de Souleymane. L’Histoire de Souleymane est l’art et la manière d’apporter la fiction là où elle s’invite encore trop peu… Donner un visage humain à cette réalité sans la prendre avec préjugé qu’est les migrations et l’immigration.

Meilleure réalisation : Jacques Audiard pour Emilia Pérez. 4e César, pour lui, dans cette même catégorie.

– La première fois –

Meilleur premier film : Vingt Dieux réalisé par Louise Courvoisier. Une réalisatrice jurassienne de cœur mettant à l’honneur sa région de cœur et ses hommes et femmes agriculteur·rices. Lors du dernier Festival de Cannes, dans la Section « Un Certain Regard », Louise Courvoisier et son premier long métrage reçut le prix de la jeunesse.

– Les meilleurs –

Meilleur film : Emilia Pérez réalisé par Jacques Audiard

Meilleur film de court-métrage d’animation : Beurk ! réalisé par Loïc Espuche. Ou la découverture de l’amour par des enfants à travers le regard notamment d’un petit garçon.

Meilleur film d’animation : Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau réalisé par Gints Zilbalodis. Avec les deux autres nommés, Flow s’évertue à chercher dans l’obscurité, l’espoir. Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau est aussi nommé, dimanche, aux Oscars.

Meilleur film de court-métrage documentaire : Les Fiancés du Sud réalisé par Elena López Riera

Meilleur film documentaire : La Ferme des Bertrand réalisé par Gilles Perret

Meilleur film de court-métrage de fiction : L’Homme qui ne se taisait pas réalisé par Nebojša Slijepčević

Meilleur film étranger : The Zone of Interest réalisé par Jonathan Glazer. Ou la zone d’intérêt du camp d’extermination d’Auschwitz. Ce César s’ajoute aux quatre prix (le Grand Prix, le prix FIPRESCI, le prix CST de l’artiste technicien et le Cannes Soundtrack Award) obtenus au Festival de Cannes 2023 et aux deux Oscar (Oscar du meilleur film international et Oscar du meilleur son) remportés lors de la Cérémonie des Oscars 2024. Jonathan Glazer, non-présent, se félicite de l’affluence des salles de cinéma pour son film mais s’alarme de la résonance de celui-ci dans notre ère moderne. Comme la mini-série, The Tattooist of Auschwitz, The Zone of Interest pointe la mécanique de déshumanisation ciblant la communauté juive perpétuée par des gens se trouvant de l’autre côté de nos murs. C’est la zone d’intérêt. « Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre » – phrase prêtée à Churchill se voulant être de Confucius à Aldous Huxley.

– Les autres personnages –

Meilleurs décors : Stéphane Taillasson pour Le Comte de Monte-Cristo. Doublé. L’année passée, Stéphane (Taillasson) remporte ce même César pour Les Trois Mousquetaires (partie 1 et 2). Il aura fallu pour être à la hauteur de ladite vengeance du Comte pas moins de 138 décors différents.

Meilleurs effets visuels : Cédric Fayolle pour Emilia Pérez.

Meilleurs costumes : Thierry Delettre pour Le Comte de Monte-Cristo. 1er César, pour lui, après trois précédentes nominations pour Edmond, Eiffel et Les Trois Mousquetaires (partie 1 et 2).

Meilleur son : Erwan Kerzanet, Aymeric Devoldère, Cyril Holtz, Niels Barletta (2e César, coup sur coup, après Le Règne Animal) pour Emilia Pérez.

Meilleure musique originale : Clément Ducol et Camille pour Emilia Pérez.

Les décors, les costumes ainsi que la musique servent les personnages mais aussi, l’œuvre. Et peuvent prendre la place d’un personnage à part entière dans l’œuvre. Que serait-ce une œuvre, sans décors ? sans costumes ? sans musique ? Les meilleurs maquillages et coiffures comme le défend Pierre Niney mériterait son César, aussi.

Meilleure photo : Paul Guilhaume pour Emilia Pérez.

Meilleur montage : Xavier Sirven ému, lui aussi, du jeu et de l’humanité d’Abou Sangaré dans L’Histoire de Souleymane.

Emilia Pérez (7) ainsi que L’Histoire de Souleymane (4) sortent tous les deux grands vainqueurs de cette 50e Cérémonie. À titre personnel comme d’autres confrères, je m’interroge sur le trop peu de prix décernés à L’Amour Ouf (1) et au Comte de Monte-Cristo (2). Au-delà de la fête, les discours tant des remettants que des primés ont une tonalité grave face à notre ère moderne de plus en plus terne, binaire et incertaine.

Le 7ème Art est sans nul doute le premier pas de l’Humanité vers la Démocratie (dixit Vincent Macaigne). Ainsi, n’oublions pas de tourner nos caméras pour dépeindre notre monde (et non, l’Ailleurs).

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