Le Tatoueur d’Auschwitz. L’Encre de la Solution Finale.

par | Jan 29, 2025 | Séries, Télévision | 0 commentaires

80 ans. Le 27 janvier 1945, le complexe d’Auschwitz-Birkenau est libéré par l’Armée Rouge. Avec ses quelque décharnés rescapés de la Mort. 80 ans… Et pourtant. Le 20 janvier 2025, lors de l’investiture du 47e Président américain, un signe distinctif est repris par Elon Musk. Le salut nazi ! Pourtant, nombre de médias jettent un voile sur le trouble. 80 ans après, le 27 janvier 2025, l’anniversaire funeste de la libération dudit camp d’extermination est nécessaire.

Ce soir, M6 bouscule sa programmation. Contrairement à mercredi dernier, la chaîne diffuse en prime time quatre épisodes et non, deux ! Ainsi, se succéderont les quatre derniers épisodes de la mini-série « Le Tatoueur d’Auschwitz ».

La mini-série est l’adaptation libre du livre d’Heather Morris. « The Tattooist of Auschwitz » est paru en 2017. En 2024, Tali Shalom-Ezer s’empare du best-seller. L’adaptation est soutenue par la musique ciselée d’Hans Zimmer et Kara Talve.

En vue des diverses Cérémonies ponctuant le début de l’Année, l’actrice Melanie Lynskey (interprétant l’autrice néo-zélandaise, Heather Morris) figure parmi les nommées aux Emmy Awards. Et l’acteur Harvey Keitel (jouant le rescapé, Lale Sokolov (vieux)) préfigure dans la liste des pressentis aux Oscars.

Arrivée : Le Terminal de l’Enfer.

2003. Australie. Melbourne. Le téléspectateur rencontre un homme âgé. Il est en proie à ses nombreux souvenirs – souvenirs mêlés – d’un passé appartenant à l’Histoire. Monsieur Sokolov souhaite avec une aide, Madame Morris, retranscrire ses mémoires, avant que le temps joue de son effet – l’effet d’effacement. Son histoire témoigne de la Shoah. Ainsi, nous plongeons en 1942. En Slovaquie. À Krompachy. Sous l’occupation allemande, le gouvernement slovaque invite un membre de chaque foyer juif à participer à l’effort de guerre appuyé par son devoir de travailler. Ayant perdu son travail à la capitale, Bratislava, Lale (Sokolov) se dévoue. Son dévouement sous couvert de papiers mensongers, le pousse à prendre le train vers l’Enfer.

Question sans réponse. Pourquoi ça s’est passé ?

Pourquoi l’Humain est enclin, aujourd’hui, à oublier l’existence même d’un pan de l’Histoire ? Celui de la Shoah. Ou L’Holocauste. Soit l’extermination massive orchestrée par l’Allemagne nazie durant la Seconde Guerre mondiale de la population juive d’Europe dite « race inférieure ». La Shoah est notre Histoire. « Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre » – phrase prêtée à Churchill se voulant être de Confucius à Aldous Huxley.

Même en Enfer, la couleur de l’Espoir se pare un jour, du ciel.

Lale comprend assez vite, l’étendue de la supercherie. De la réduction au rien des siens vis-à-vis de la « race maîtresse ». De l’étendue sans horizon de la zone « Auschwitz-Birkenau ». De l’exploitation jusqu’à la mort promise de ses semblables. Alors, vient le choix. Non pas de carrière mais de survie. Il devient tatoueur pour le compte de la SS – Section Politique. Un sursis face à la solution finale.

Un énième jour en Enfer. Devant Lale se présente une femme. Une énième femme pour un énième numéro tatoué. 4562. Machinalement et tout en s’excusant, Lale prépare l’avant-bras. Sous un ciel paré de bleu, une rencontre se produit. Leur rencontre. Gita, forte d’autodérision et de profondeur sur sa nouvelle condition, le ramène à son humanité. Ainsi, sur fond de l’horreur, une histoire d’amour naît. Leur romance devient tant pour l’un que pour l’autre leur sémaphore dans l’obscurité.

Conclusion.

Encore ce soir, je serais prise d’effroi. J’espère juste ne pas être la seule à soutenir le regard face à l’effroyable. L’effroi vous saisit. Au côté des innombrables documentaires ou des précieux témoignages vivants des survivants, je trouve judicieux d’avoir utilisé le format sériel pour narrer la Shoah – avec l’insertion de cette histoire d’amour allégeant parfois, la lourdeur du propos indicible – afin de toucher un autre audimat. Pourquoi pas la jeune génération ? En effet, il semble que 46 % des Français, âgés de 18 à 29 ans, n’aient pas entendu parler de l’Holocauste. – d’après un sondage réalisé par l’ONG « Conference on Jewish Material Claims Against Germany ». Comment est-ce possible ? D’autant que l’antisémitisme est de nouveau, en recrudescence.

 » Nous ne voulons pas que notre passé soit l’avenir de nos enfants. «  – survivant ayant eu il y a quelques années, ces mots repris par Ronald S.Lauder, Président du congrès juif mondial.

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