Après avoir été présenté à Lille au printemps dernier lors du SERIES MANIA Festival, le public de La Rochelle dans le cadre du Festival de la Fiction a pu en avant-première visionner le premier épisode de « SAMBRE« .
Tout comme TF1 avec son dernier unitaire « Les Yeux Grands Fermés » réalisé par Clément Michel, France Télévisions s’empare avec sa nouvelle mini-série « SAMBRE » d’un sujet sociétal : le viol.
Le premier épisode de « SAMBRE » de Jean-Xavier de Lestrade porté entre autres par la comédienne Alix Poisson est diffusé ce soir, lundi 13 novembre, sur France 2 à 21h10. A la suite, en deuxième partie de soirée, le deuxième suivra.
Cette mini-série compte six épisodes. Pour chaque épisode, le réalisateur axe sa caméra sur un personnage/rôle dans l’affaire du plus grand prédateur sexuel que la France ait connu. Ainsi, pour chaque épisode, le téléspectateur suit un regard.
Rappel des Faits.
En effet, « SAMBRE » s’inspire librement de faits réels ou pour être plus précis, de faits criminels. De faits criminels perpétués par Dino Scala sur les bords de la Sambre – nom de la rivière (affluent de la Meuse) traversant la frontière franco-belge.
Pendant une trentaine d’années (1988 – 2018), l’ouvrier lambda s’adonne à une soixantaine d’agressions sexuelles et autres viols en toute impunité sans jamais être inquiété jusqu’à… jusqu’à ce qu’il soit confondu et arrêté par les forces de l’ordre le 26 février 2018.
Dino Scala dit le « violeur de la Sambre » (un de ses nombreux surnoms donnés par les médias franco-belges), en juillet 2022, est condamné à vingt ans de réclusion criminelle.
Le 4 octobre 2023, par le biais de son avocate, Maître Margaux Mathieu, il fait savoir qu’il ne fera au final, pas appel de son jugement.
Enfin, ses victimes peuvent retrouver un semblant de quiétude.
Problème de Droit.
Tout comme la « culture de l’inceste », la « culture du viol » est bien ancrée dans nos mœurs. Note de la rédaction : l’expression émerge dans les années 70 parmi les rangs des féministes américaines.
Article 222-23 du Code Pénal : Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, ou tout acte bucco-génital commis sur la personne d’autrui ou sur la personne de l’auteur par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol. Le viol est puni de quinze ans de réclusion criminelle.
Pourquoi une victime ne serait-elle pas une victime ? Et ce, qu’il y ait un coupable ou pas.
En ayant encore en bouche le goût amer du visionnage de ce premier épisode, une capsule vidéo de Noémie de Lattre sur son profil Instagram, a fait écho au traitement « non-traitement » par les pouvoirs publics et leurs représentants directs de ce crime et surtout, des femmes violentées.
Tout le propos pour elle, est de décorréler la plainte d’une victime de l’accusation d’un coupable. Décorréler la partie « victime » de la partie « agresseur ».
Ainsi, une victime est une victime, qu’il y ait un coupable ou pas.
Automne 1988. CHRISTINE.
L’épisode 1 est porté par le regard de la première victime – victime jouée par la comédienne Alix Poisson.
Sur les bords de la Sambre, au petit matin, gît une femme à demi dévêtue. Encore en état de choc, la femme se rend accompagnée de sa soeur au commissariat. Christine raconte les faits ou plutôt les souvenirs laissés par son agresseur. Une première fois. Puis, une seconde fois. Dans l’incompréhensible mesure où le capitaine en face d’elle n’a pas eu l’once d’esprit de prendre en note ses dires. Par conséquent, d’ouvrir une plainte. Nature d’infraction : Tentative de vol avec violence. À la question : Préjudice ? La réponse retranscrite est sans appel : Nul, puisqu’il ne vous a rien volé. (…) S’en suit, le retour sur le lieu de l’agression.
Le comportement froid du capitaine est saisissant d’effroi pour Rachida Brakni et moi-même.
Christine finit par rentrer chez elle en minimisant à son entourage surtout à son mari, la gravité des faits. Cependant, le quotidien et ses petits riens devient très vite, une épreuve de tous les instants. « Victime honteuse », elle est incomprise par ses proches. D’ailleurs, son mari finit par quitter le logement familial.
Est-ce là l’illustre double peine promise aux femmes violentées dans notre société ?
MALORIE.
Au sein de ce même épisode, une nouvelle jeune femme, Malorie, vient se présenter au même commissariat. Attentif le téléspectateur se rend compte que les faits du moins le lieu de l’agression ainsi que le mode opératoire de l’agresseur sont les mêmes. Encore faut-il relever les similitudes ?! D’autant qu’en face d’elle, la réaction ou « non-réaction » du brigadier ne se fait pas attendre. Ou plutôt, se fait attendre ! Au premier récit, il reste passif. Posture apathique, le brigadier ose demander si elle souhaite déposer plainte. Malorie doit de nouveau, répéter le trauma de son agression sexuelle pour que la prise de note s’enclenche.
Parallèlement à ces premiers récits d’agression, la caméra s’attarde sur Enzo, un ouvrier ordinaire, vivant dans la région.
Conclusion.
Alix Poisson lors de la présentation de « SAMBRE » par l’ensemble de l’équipe, était je me souviens, écoeurée. Elle portait une colère juste. L’inertie politique sur les violences sexuelles faites aux femmes et aux enfants me révolte profondément, dira-t-elle. Justice ou plutôt, justesse d’écoute et de secours devrait être porté dans un premier temps, à ces êtres et âmes victimes. Avant tout jugement ! En cela, il convient de repenser l’axe de travail des pouvoirs publics.
En plus de la fiction – la Fiction assume aujourd’hui, son rôle d’utilité publique -, le collectif dont nous faisons tous parti doit prendre conscience de son poids d’impact. A nous d’être alerte ! Pour endiguer le fléau des violences faites aux femmes.