Nouvel article à l’occasion du Festival de la Fiction. Tout au long de cette semaine j’ai décidé d’orienter mes rencontres et mes échanges sur l’invité d’honneur du Festival : Le Québec.
Pour ce premier article j’avais envie de vous parler d’une mini-série que je considère plus comme un témoignage.
Car il est des œuvres, qui ne se regardent pas de la même manière. Il est des œuvres qui ne se racontent pas car pour les comprendre il faut les avoir vu. Il est des œuvres qui de par leur genèse, leur histoire, leur traitement nous marquent à tout jamais.
Pour toi Flora fait partie de celles-ci.
Pourtant j’ai quand même demandé à sa réalisatrice, Sonia Bonspille Boileau et à son producteur, Jason Brennan de bien vouloir échanger avec moi autour de la bouleversante mini-série qui était présentée en sélection officielle du Festival de la Fiction de La Rochelle.
Douce Flora
Cette fiction raconte l’histoire terrible de milliers d’enfants autochtones retirés de force à leur parents afin de les placer dans des pensionnats pour les convertir de force au christianisme. Des années plus tard ces enfants devenus des adultes essaient tant bien que mal de trouver la paix entre passé et présent.
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A bien des égard la mini-série est compliquée à regarder tant les images peuvent être dures. Mais cette fiction est aussi libératrice. En acceptation d’une part et en émotion d’autre part. Je reconnais avoir beaucoup mais beaucoup pleurer devant.
L’histoire de Flora
Pourquoi avoir attendu si longtemps pour faire Pour toi Flora ?
Sonia : Je voulais être sûr d’avoir un public non autochtone à qui raconter cette histoire. Je voulais aussi que les premières nations soient prêtes à se raconter. Je ne voulais surtout pas traumatiser les personnes concernées en se voyant à l’écran. Et d’un point de vue technique je voulais quelque chose de plus ambitieux avec un mélange des époques qui demande plus de budget.
Jason : On avait aussi qu’une chance pour raconter cette histoire-là et la raconter avec Radio Canada. Il fallait donc le faire comme il faut et il fallait surtout être sûr de pouvoir le faire comme il le faut.
Le casting
Comment as-tu abordé le travail avec les enfants ?
J’ai moulé les personnages aux enfants et non l’inverse. Je faisais aussi avec les paramètres que les parents des enfants m’accordaient. Pour certains nous avons plus joué sur les expressions du visage quand pour d’autres qui connaissaient déjà l’histoire de leurs grands-parents nous avons pu jouer plus dans les actions.
Comment les acteurs qui interprètent les robes noires se sont appropriés leurs rôles difficiles ?
Sonia : Les comédiens qui jouent les « pas fin », les agresseurs, étaient tellement adorables et attentionnés avec les enfants qu’une vraie complicité s’est créée entre les adultes et les enfants.
André Robitaille qui incarne le Père Bédard faisait des blagues avec les enfants entre chaque prise et il a beaucoup travailler à trouver des points positifs à son personnage afin d’arriver à le jouer avec le plus de justesse possible.
Jason : Il y avait aussi et surtout pour André Robitaille, Théodore Pellerin et Chantal Baril (les interprètes des robes noires) une volonté de s’associer à raconter l’histoire que l’on souhaitait raconter et à la cause que l’on voulait défendre.
Ressortons indemne d’un tournage comme celui-ci ?
Sonia : Non. Emotionnellement il y a eu des moments où tout le monde pleurait sur le plateau, ce n’était pas facile mais à la fin nous sommes heureux de voir l’accueil qui est réservé à ce programme.
Jason : le dernier épisode est porteur de pardon et d’espoir c’est ce qui permet d’avancer.
Sonia : Une survivante me disait que l’on apprend à vivre avec ce traumatisme, un jour après l’autre. C’est comme cela que l’on avance.
La Rochelle, la jolie parenthèse
Pour finir sur une note un peu plus légère comment avez-vous appris votre nomination au Festival de la Fiction de La Rochelle ?
Sonia : Nous avions diffuser la bande annonce lors du série Mania de Lille et c’est là que nous avons eu notre premier contact avec le Festival de la Fiction de La Rochelle. Nous sommes heureux et surpris de voir que cette histoire ait tant d’écho en France. Nous ne nous attendions pas à ce qu’il raisonne autant hors du Canada.
Dernière question, que peut-on vous souhaiter pour la suite ?
Sonia : De continuer à raconter des histoires sur le peuple autochtone par des autochtones.
Jason : Oui des histoires moins compliquées (rires), de voir des acteur autochtones dans des situations de tous les jours.
A l’heure où j’écris ces lignes Pour toi Flora n’est pas disponible en France mais Max Oliveras (le distributeur) nourrit de grands espoirs quant à son arrivée dans les prochains mois sur l’une de nos chaines.
Je finirai par remercier une nouvelle fois Sonia Bonspille Boileau, Jason et Brennan et Max Oliveras pour leur gentillesse et leur disponibilité en espérant de tout cœur que le public français découvre rapidement Pour toi Flora.
Voilà c’est tout pour aujourd’hui ! N’oubliez pas que le plus important reste à découvrir, s’amuser et le partager !