Jeudi dernier, vous avez pu découvrir sur la chaîne Arte, les deux premiers épisodes de NISMET. La minisérie inspirée de la propre histoire de Nismet Hrehorchuk a remporté en septembre dernier, le prix de la meilleure série 52 minutes, lors du dernier Festival de la Fiction (de La Rochelle). NISMET ou l’histoire de la résilience, par excellence d’une toute jeune femme devant pour sa propre survie, s’enfuir.
Philippe Faucon (associé à Nismet Hrehorchuk), après Fatima, choisit de de nouveau prendre une image de femme forte comme personnage principal. Et de raconter son histoire avec nombre de climax – climax, figure de style cinématographique, mais aléas d’une vie non fantasmagorique.
Ce soir, vous pourrez visionner les deux derniers épisodes. Par ailleurs, la minisérie reste sur la plate-forme arte.tv jusqu’au 20 juin 2025.
Faits.
Le téléspectateur fait immédiatement la connaissance avec Nismet. Dès les cinq premières minutes, le malaise est bel et bien réel. Sa mère aussitôt éclipsée, un homme rustre cherche par tout moyen le contact avec la jeune femme. Un climat d’oppression voire de domination règne sous ce toit. Denis, le beau-père, perpétue sur Nismet des agressions sexuelles. Sous la menace et par peur de fragiliser davantage sa mère affaiblie, Nismet décide de se taire. Puis de fuir avec un farouche instinct animal, du domicile ‘familial’.
Problèmes de Droit.
À quel moment la honte changera-t-elle de camp ? À quel moment la culpabilité changera-t-elle de camp ? À quel moment les victimes seront entendues pour victime ? Écoutées ? Déculpabilisées ? Soutenues ? À quel moment les coupables seront tenus pour coupable ? Et responsable de leurs actes mais aussi, de leurs séquelles irrémédiables laissées sur la peau des victimes.
D’une émancipation à l’indépendance.
Arrêtée par la police municipale, Nismet admet avoir fugué de chez elle en passant sous silence certains faits de son histoire. Déni conscient. Dans l’intervalle d’une décision, elle découvre le foyer d’urgence. Face au juge des enfants, le beau-père raconte son scénario. Nismet rentre au sein d’une maison d’enfants à caractère social afin de reprendre sa scolarité. Avec mainlevée ou prolongation, par la suite.
Nismet est partagée entre culpabilité d’avoir laissé sa mère prisonnière de son propre foyer et sa prise en main. Nonobstant ses paroles vociférées ont eu un écho… au triste fait divers. NISMET alors, se dit et se porte pour responsable.
Au-delà de l’adaptation de sa propre histoire, Nismet Hrehorchuk a voulu rendre un visage aux travailleurs sociaux. Dans cette démarche, elle interprète le rôle de Brigitte, la directrice du foyer. Avec son soutien, Nismet (jouée par Emma Boulanouar) accède à une émancipation précoce et tend à l’indépendance.
Conclusion.
NISMET exploite et illustre les différentes facettes de la violence et de l’emprise intrafamiliales.
Si Nismet avait osé parler à la première policière voire à sa mère, est-ce que la succession d’évènements tragiques aurait été différente ? Probablement. Et en même temps, il serait déplacé d’émettre telle supposition puisqu’il ne s’agit pas là d’une fiction. Mais ne peut-on pas dire que dans le box des accusés, la victime est coupable in fine de s’être elle aussi, libérée ? Sortir de cette justice de méjugement passe par l’arrêt de déculpabiliser les responsables et d’intenter des procès aux victimes se rendant parfois, coupables.
Quelques chiffres clés relayés par l’Inter Orga Féminicides (IOF) créé en janvier 2023 :
- 16% des français·e·s ont subi une maltraitance sexuelle dans leur enfance. Au moins 1 adulte sur 6 vit avec la mémoire de violences sexuelles subies dans l’enfance. (Maltraitance des enfants en France, l’Enfant Bleu (2017))
- Dans 91% des cas de violences sexuelles, les femmes connaissent les agresseurs. Pour la plupart, ces hommes sont bien nos partenaires, nos amis, nos frères, nos cousins, nos oncles, nos collègues ou nos mentors. (Rapport d’enquête « Cadre de vie et sécurité », moyenne entre 2012 et 2017 (2019))
- Plus d’une femme sur deux en France (53%) et plus de six jeunes femmes sur dix (63%) ont déjà été victimes de harcèlement ou d’agression sexuelle au moins une fois dans leur vie. (Sondage Le Figaro et FranceInfo (2017))
- au 1er mars 2025, on dénombre déjà 23 féminicides.