A BETTER PLACE.

par | Août 15, 2025 | Séries | 0 commentaires

Portée par la Ministre de la Justice, Madame Christiane Taubira, la « justice restaurative » apparaît en France en 2014. Aussi appelée, « justice restauratrice » ou « justice réparatrice ». À l’article 18 de la loi n° 2014-896 du 15 août 2014 relative à l’individualisation des peines, il est fait mention : « À l’occasion de toute procédure pénale et à tous les stades de la procédure, y compris lors de l’exécution de la peine, la victime et l’auteur d’une infraction, sous réserve que les faits aient été reconnus, peuvent se voir proposer une mesure de justice restaurative. » – Art. 10-1 du Code de procédure pénale. [source Légifrance]

Cette notion de « justice restaurative » est le sujet voire le personnage principal de la série allemande « A BETTER PLACE » (soit « UN MONDE MEILLEUR« , en LV2). Créée par Alexander Lindh et Laurent Mercier, cette dystopie place la prison des criminels dans la maison des victimes. Autrement dit : replace l’établissement pénitentiaire au cœur de la société, en la questionnant ouvertement.

Lors des derniers CANNESERIES, Canal Plus – partenaire officiel – après le visionnage du premier épisode, avait réuni autour d’une conversation une partie de l’équipe savoir : Brice Mondoloni (responsable éditorial du pôle fiction étrangère de CANAL +), Laurent Mercier et Richard Sammuel (comédien). Avec l’appui de Marie-Odile Diemer, maître de conférences en droit public, pour le sujet de la justice restaurative.

Un Projet Pilote de réinsertion sociale : TRUST

La caméra d’Anne Zohra Berrached et de Konstantin Bock nous plonge à l’intérieur de la Prison de Lade. A contrario de la Prison de Borgo et la caméra de Pierre Leccia (pour PLAINE ORIENTALE).

Le gouvernement du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie adopte une extension de la loi pénitentiaire afin de promouvoir des mesures alternatives visant à la réinsertion sociale.

« Nous voulons prouver qu’un monde sans sanctions est possible. » portent la double voix d’Amir Kaan (maire progressiste de Rheinstadt) et du Professeur et Docteur Petra Schach (juriste pénaliste et directrice du programme « TRUST »).

What is TRUST ? Faits : 300 criminels, hommes et femmes, sont libérés avant la purge de l’intégralité de leurs peines de la maison d’arrêt de Rheinstadt. Et, réinsérer dans la société ou plutôt au sein des concitoyens de la ville avec un accompagnement scientifique et strict. Dans les faits, 70% de ladite population soutient le projet pilote. À côté de l’engouement médiatique, une poignée de contestataires manifeste le Jour J devant les bureaux de « TRUST ». Chacun des « Trustees » a un tuteur. Il loge hors de son foyer/quartier d’origine. Il travaille. Le Trustee répond à un suivi psychologique. Et/ou à un dispositif de rencontres entre victime(s) et acteur(s) d’infractions (infractions de même typologie) afin de dialoguer et rompre l’isolement des deux parties dans le parcours de la procédure.

En ça, le programme « TRUST » s’attaque aux causes mêmes telles que le système inégalitaire des chances, l’addiction, le chômage etc pour éradiquer les symptômes de la criminalité.

Problèmes de Droit.

La sanction pénale empêche-t-elle la récidive ? La détention prépare-t-elle à la réinsertion ? Le système pénitentiaire n’est-il pas l’instrument parfait d’un gouvernement démissionnaire ? (d’un État-province ayant pris la succession de l’Église-providence)

vs. Une Société à l’échelle de l’individu in fine, réfractaire.

À travers les différents épisodes, la série s’attarde sur certains Trustees savoir : M. Föhl, Nadi et Yara Massad, Mark et M. Bäumer (interprété par Richard Sammel). Bien évidemment, on apprend au fur et à mesure de la trame narrative, les infractions de chacun. Sans exclure les cas les plus durs. Parallèlement aux Trustees, on rencontre la famille Gül, en deuil. Criminels et victimes ont été ainsi considérés par le programme au détriment de la population.

La population, malgré des sondages d’opinion en théorie et pratique de bonne appréciation, finit par se faire entendre. La manifestation passive du Jour J, devant le siège de « TRUST » se transforme en manifestations provocatrices avec l’établissement d’un QG permanent. La force civique et citoyenne* est reléguée par les médias de masse. Et, amplifiée par la peur collective.

Un véritable engrenage et sabotage se met en place… faisant reculer l’équipe pédagogique emmenée par Petra Schach et le maire libéral.

Conclusion.

Outre le fait que cette série de personnages ouvre les portes à un modèle de collaboration européenne autour du genre sériel et d’une écriture transfrontalière, A BETTER PLACE nous amène à nous questionner. Individuellement et également collectivement. Sur notre société et ses structures défaillantes, notre regard sur l’autre, notre propre culpabilité.

Est-ce que vouloir un monde meilleur reste naïf ? Voire utopique.

La justice restauratrice, en France, après une dizaine d’années de mise en pratique, tire son épingle du jeu, en plus du traitement pénal. Nonobstant, le dispositif reste fragile.

La justice restauratrice est un sport de combat.

notes de la rédaction : Madame Taubira a été Garde des Sceaux sous les gouvernements Jean-Marc Ayrault I et II puis Manuel Valls I et II sous la présidence de François Hollande.

Ignacio Ramonet est, semblerait-il, le « père fondateur » du 5e pouvoir.

Traitant de la même notion, la rédaction vous invite à visionner le film « Je verrai toujours vos visages » de Jeanne Herry (2023).

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